pezronf on parle de mécanisme de reproduction, qui est en fin de compte plus aidée qu'il ne devrait l'etre...la reproduction se ferait toute seule, mais autant alouer ces moyens plus bas
voilà, on individualise la perspective, on dit "y en a des bien", "je connais un mec qui a réussi en partant de rien"... au lieu de regarder l'ensemble du système. C'est un discours très efficace pour mettre sous le tapis le caractère systémique des inégalités.
Il y en a encore (y compris ici) pour croire que "quand on veut, on peut", "il ne faut pas taxer les pauvres petits vieux" et "touchons pas aux droits de succession", et pourtant tout dit le contraire, les faits sont têtus:
https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/05/06/inegalites-comment-la-france-est-redevenue-une-societe-d-heritiers_6603254_3234.html
Le niveau élevé des inégalités de patrimoine et de la fortune héritée observé aujourd’hui rappelle celui de la France du XIXᵉ siècle. Un phénomène inquiétant, synonyme d’ascenseur social bloqué, et alimentant le ressentiment des classes moyennes.
C’est particulièrement vrai en France, où la fortune héritée représente aujourd’hui 60 % du patrimoine national. Au début des années 1970, cette part n’était que de 35 %. Un quasi-doublement en un demi-siècle, qui s’est traduit par une concentration extrême : 10 % des Français détiennent désormais plus de la moitié – 54 % exactement – de la richesse du pays. Lorsque les 50 % les plus pauvres en détiennent moins de 5 %.
Dans le même temps, l’ascenseur social, qui fonctionnait à plein durant les « trente glorieuses », est tombé en panne. Si le mythe de l’égalité des chances est encore vivace dans notre pays, il correspond de moins en moins aux faits. Un chiffre l’illustre : il faut, en France, plus de six générations à une personne du bas de la distribution des revenus pour rejoindre la moyenne des revenus, selon l’Organisation de coopération et de développement économique. C’est plus qu’aux Etats-Unis (cinq générations), que la moyenne de la zone euro (quatre et demie) ou qu’en Espagne (quatre).
Non seulement les jeunes peinent à se loger, mais ils se paupérisent. Autrefois concentrée sur les personnes âgées touchant de petites retraites – ou sans retraite du tout –, la pauvreté est désormais plus répandue chez les jeunes que dans les autres tranches d’âge. Les données publiées en 2024 par l’Insee sont spectaculaires. La proportion des 18-29 ans vivant sous le seuil de pauvreté (celui fixé à 50 % du revenu médian) est ainsi de 10 %, contre 8,1 % pour l’ensemble de la population. Après 65 ans, elle tombe à 4,3 %, deux fois moins.
Mais certains pensent toujours vivre au pays des Bisounours.