Explosion dans un hôpital de Gaza : le “New York Times” fait son mea culpa
Le quotidien américain a reconnu avoir repris, sans la vérifier, la version du Hamas affirmant qu’Israël avait bombardé l’établissement le 17 octobre. Des excuses importantes, à l’heure où le conflit se double d’une guerre de l’image et de l’émotion.
L’hôpital al-Ahli Arabi de Gaza le 18 octobre, au lendemain d’une frappe dont Israël et le Hamas se rejettent la responsabilité.
Aussi rare qu’éloquent : le très respecté New York Times est revenu, lundi 23 octobre, sur la façon dont il avait d’abord annoncé le bombardement d’un hôpital à Gaza, le 17 octobre. Ses premiers titres « s’appuyaient trop fortement sur les affirmations du Hamas et n’indiquaient pas clairement que ces affirmations ne pouvaient pas être vérifiées dans l’immédiat », a reconnu le quotidien. En clair, avant que l’analyse des photos, vidéos ou autres images satellite ne mettent très fortement en doute la version du groupe terroriste, c’est bien celle-ci qui a été la plus relayée. Relayée… et aussitôt amplifiée par la gigantesque caisse de résonance des réseaux sociaux – où n’importe qui peut dire à peu près n’importe quoi.
Avant le New York Times, c’est la tout aussi respectée BBC qui avait exprimé, dès jeudi dernier, ses regrets sur les « spéculations » qu’avait formulées à l’antenne son correspondant à propos du même bombardement – il misait, avant toute vérification, sur un tir israélien… Deux mises au point nécessaires, alors que la majorité des experts attribuent désormais l’explosion de Gaza à une roquette palestinienne (on notera que les médias français ont davantage tardé à faire leur examen critique sur leur couverture de l’événement, mais Le Monde a publié une mise au point ce mardi soir).
Au-delà des effets dévastateurs que ces titres hâtifs ou autres « spéculations » ont d’ores et déjà pu avoir sur les opinions publiques, ils illustrent à quel point l’actuel conflit sur le terrain se double d’une guerre de la communication, de l’image et de l’émotion. La projection, lundi, par Tsahal, devant une bonne centaine de journalistes internationaux, de vidéos filmées pendant les pogroms du 7 octobre contre les civils israéliens (images terrifiantes, selon celles et ceux qui les ont vues), prend évidemment sa place dans cette bataille-là. Qui ne fait que débuter et promet d’être stratégique tant elle a, et aura, des répercussions dans le monde entier. Elle porte, par nature, tous les risques possibles de la manipulation. Que seule une information prenant le temps de la vérification saura, peut-être, contenir.
Source: Telerama