"Transclassisme imaginaire.
Dans mon livre Les origines, j'explorais, entre autres choses, le transclassicme imaginaire.
Les cas les plus connus sont ceux qui vont dénicher dans leurs lointains ascendants (il suffit en général de remonter aux grands-parents) triomphalement, une personne économiquement modeste. Ainsi, l'on a dû subir les déclarations de Rahim C Redcar alias Christine and the Queens - sa mère enseignante de latin et son père universitaire - tenant à nous faire savoir qu'il ressentait "la mémoire des muscles de la classe ouvrière".
Je parlerais alors d'un transclassisme intergénérationnel (en cherchant assez loin, on trouve toujours un ascendant modeste).
Il y a aussi les trans-transclasse, c'est -à-dire des gens qui sont nés dans un milieu bourgeois mais qui se sentent prolétaires. Ceux-là, ils sont bien rigolos, ils jouent un peu les voyous, parlent avec une sorte d'argot, mettent des pulls de chauffeurs routiers et appellent avec des accents de titi parisiens à la révolution : on sent bien qu'ils ne rigolent pas, ils savent, eux, ce qu'est la violence… (enfin on est toujours dans le ressenti n'est-ce pas) et on découvre que papa était dirigeant d'entreprise.
Une nouvelle catégorie vient d'apparaître et je dis : chapeau.
Il s'agit du transclassisme par effet d'halo.
On la doit à Marine Tondelier qui, à l'occasion de sa déclaration de candidature souligne : " Je suis une femme, jeune, écologiste, je viens du bassin minier du Pas-de-Calais, alors je devrai sans doute me battre deux fois plus que d’autres." Je ne crois pas malveillant d'interpréter cette déclaration comme l'énumération de certains obstacles qu'elle conçoit (être une femme, etc.) parmi lesquels, donc, venir d'un bassin minier… On suppose qu'elle compte sur une interprétation doloriste de la part de ses interlocuteurs. En fait, son père est médecin et homéopathe (aie) et sa mère dentiste. Donc, apparemment, on peut désormais revendiquer une origine sociale en fonction non des siennes mais de celles qu'on imagine statistiquement modale dans une zone de vie qu'on a fréquentée."
gerald bronner