Très intéressant, même si on s'en doutait: une étude scientifique très sérieuse montre qu'il n'y a pas davantage de violences lors de manifestations aujourd'hui.
En revanche, la brutalité policière est beaucoup plus importante. Et c'est un choix délibéré des gouvernants et de la police.
On nous survend des manifestants "violents", mais c'est la police qui fait de la violence. Et, bien sûr, à rebours de tout un tas de pays qui ont développé des politiques efficaces de "désescalade".
On a vraiment des gouvernants de merde. Qui semblent préparer activement les institutions à l'arrivée d'un pouvoir d'extrême droite, auquel on sert les leviers de répressions -et de contrôle des médias : cf Dati et l'audiovisuel public - sur un plateau.
C'est hallucinant.
L'article montre par exemple qu'Horteufeu, pourtant ministre de Sarkozy, appelait à limiter l'usage des LBD. Qui fait ça sous Macron??
https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/06/30/sebastian-roche-politiste-l-idee-d-une-violence-croissante-de-la-rue-a-laquelle-les-policiers-ne-feraient-que-repondre-est-un-leurre_6616665_3232.html?search-type=classic&ise_click_rank=1
Coauteur d’une étude consacrée aux manifestations contre les retraites de 2010 et de 2023, le directeur de recherche au CNRS observe qu’une « escalade de la violence » s’est produite du côté des forces de l’ordre.
Si les blessés sont nettement plus nombreux lors des manifestations de 2023 que pendant celles de 2010, c’est, selon les chercheurs, parce que les autorités ont choisi « un maintien de l’ordre plus agressif ». Alors que nombre de pays occidentaux s’orientent, depuis quelques décennies, vers une gestion pacifiée des foules fondée sur le principe de la « désescalade », la France fait prévaloir, concluent-ils, une « doctrine (informelle) d’escalade de la violence ».
Nous montrons dans notre travail que les mobilisations de 2010 et 2023 se ressemblent énormément. Le nombre de journées de conflit, la taille des rassemblements, le mix de cortèges maîtrisés et non maîtrisés par les syndicats, la présence d’autonomes ou de militants dans le black bloc, l’existence de blocages (700 établissements scolaires en 2010 contre 450 en 2023) et même le profil des personnes mutilées par la police sont très comparables. Il faut donc rechercher les explications du côté de la stratégie des responsables politiques et des policiers.
Entre 2010 et 2023, l’approche des pouvoirs publics a beaucoup changé. En 2023, ils choisissent d’utiliser largement les unités BRAV-M, ces voltigeurs contemporains qui ne cachent pas leur violence. Ils multiplient les interpellations, qui augmentent d’au moins 30 %. Ils retiennent plus fréquemment les manifestants dans des espaces fermés, les « nasses ». Ils pratiquent plus souvent les actions agressives : le fait, par exemple, de matraquer des manifestants à terre. Et ils emploient plus largement des LBD et des grenades explosives.
Les chiffres attestant cette intransigeance nouvelle sont, là encore, spectaculaires. La police et la gendarmerie ont utilisé 1 137 munitions pour Flash-Ball et LBD en 2023, contre 40 en 2010. C’est presque 30 fois plus ! Du côté des grenades, notre étude montre, là aussi, une forte augmentation : alors que la police recensait 140 grenades explosives en 2010, elle compte 1 463 grenades de désencerclement en 2023, et ce ne sont qu’une des sortes de grenades explosives utilisées. C’est 10 fois plus !
L’idée d’une violence croissante de la rue à laquelle les policiers ne feraient que répondre est un leurre. Les policiers des démocraties voisines aux prises avec les mouvements protestataires, qu’il s’agisse des manifestants des squats de Berlin après la chute du Mur en 1989, des émeutiers de Londres en 2011 ou des militants qui pratiquent les formes d’action du black bloc, ne provoquent pas autant de mutilations.
L’aspect le plus troublant de notre comparaison entre les deux périodes est la valorisation, en 2023, de la violence policière par les hauts cadres de la police et le ministre de l’intérieur.
En 2010, le gouvernement et les préfets ne font, en effet, aucune déclaration sur la nécessité de la force. A la suite du seul tir mutilant de LBD, le ministre de l’intérieur, Brice Hortefeux, demande même immédiatement à la police de « limiter l’usage de la force au strict nécessaire ». En 2023, le discours est radicalement différent : le préfet de Paris, Laurent Nuñez, déclare ainsi que les BRAV-M, pourtant mises en cause à de multiples reprises pour leur violence, sont « indispensables » et qu’elles sont « obligées » de faire usage de la force. Ces déclarations inflammatoires ont évidemment des effets tangibles sur les comportements.
Les forces de l’ordre, en France, savent pourtant utiliser des stratégies beaucoup moins offensives que celles auxquelles elles ont eu recours en 2023. Pendant la fronde des agriculteurs de 2024, les cortèges bloquaient les routes et les préfectures, les manifestants faisaient des centaines de milliers d’euros de dégâts, mais le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, déclarait qu’un gouvernement ne devait pas « répondre à la souffrance en envoyant des CRS ». Il a d’ailleurs proscrit les LBD et sécurisé la participation des manifestants au mouvement.
Tremblez: si le RN arrive au pouvoir, la police saura parfaitement réprimer dans le sang les contestataires. Tout est en place!
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