Totor
Je vous mets ici l'avis de mon daron, 30 ans joueur et entraineur de rugby, qui regarde jusqu'à des matchs improbables des championnats sud-afs ou de NZ.
Bon, boomer oblige, il déplore depuis 30 ans que le rugby "c'était mieux avant" (mais qui veut retourner à l'époque où l'avantage n'existait pas??), mais enfin disons que c'est l'avis d'un observateur amateur mais éclairé (et plus légitime que moi pour commenter, c'est certain):
Je ne vais pas critiquer l’arbitre, mais plutôt l’arbitrage tel que les règles actuelles du Ruby et leurs multiples interprétations fournies par la gouvernance du rugby mondial (i.e. l’hémisphère sud) aux arbitres.
Pour regarder 5 à 6 matchs d’un peu partout tous les WE, je peux dire que je ne comprends plus rien au rugby. Il y a plusieurs aspects :
- la complexité de plus en plus folle des règles, qui de plus changent fréquemment.
- la vitesse, la puissance, la technicité et la roublardise professionnelle des joueurs : les arbitres ne peuvent suivre, c’est une évidence. Exemples : les en-avants, ou les touches pas droites, où le laxisme des arbitres (qui leur est demandé « en haut lieu ») fait des ravages. Et, en règle générale les rucks, où c’est du grand n’importe quoi : le plaqueur doit lâcher ostensiblement le plaqué, s’il veut récupérer le ballon ; ses partenaires, comme lui, ne doivent pas mettre les mains ou les avant-bras au sol : ils doivent saisir directement au ballon. Ça se joue dans la seconde. Par ailleurs, on ne doit pas arriver « sur le côté » dans le ruck et ne pas s’y jeter de trop bon coeur. Comment l’arbitre peut-il juger une telle complexité en quelques secondes ? Il est contraint à interpréter ce qu’il a vu… Et chacun fait comme il veut, et comme il peut.
- le rôle de plus en plus important de la video.Sur les aléas du jeu qu’il faut pouvoir visionner au ralenti, mais aussi sur la décision proprement dite : souvent, l’arbitre de champ ne peut pas être sûr de sa décision. Il fait donc appel aux arbitres de touche, puis à l’arbitrage video et, in fine, au fameux « bunker", innovation récente qui ne fera sans doute pas de vieux os, tant elle achève d’embrouiller la décision. L’arbitre de champ, au départ, sait qu’il peut se défausser sur le « corps arbitral ». Mais celui-ci va hésiter à déjuger l’arbitre de champ. La décision est donc très souvent a minima. Quant aux interventions directes du « bunker », elles sont à la discrétion de celui-ci.
Au total il y a un tel éventail de possibilités de sanctions (ou de non-sanction) qu’on en sait jamais ce que ça va donner : joueurs et spectateurs sont privés de leur propre idée sur l’action.
Les règles du rugby, fondées sur deux notions contradictoires : accélérer le jeu et augmenter la durée de jeu (donc du spectacle et donc du fric), sont en train de tuer ce jeu.