« Du pur localisme » : à Biarritz, une violente altercation entre surfeurs termine au tribunal
Nicolas Laplume
Par Nicolas Laplume Un surfeur de la plage de Marbella a donné un coup de tête à autre surfeur qui venait découvrir ce spot de surf, encore authentique à Biarritz.
Il a été condamné par le tribunal judiciaire de Bayonne
Pour la partie civile, cette affaire est symptomatique du « localisme » au Pays basque. Le 19 janvier dernier, Noé, un étudiant de 20 ans, arrive en voiture avec son frère de 18 ans sur la plage de Marbella, à Biarritz, pour aller surfer. Les deux frères n'ont pas pour habitude de fréquenter cet endroit et veulent découvrir un nouveau spot.
Ils arrivent sur l'impasse de Marbella, mais des barrières Vauban bloquent le passage pour accéder à la plage. Le plus jeune frère sort de la voiture et soulève la barrière mobile pour ouvrir le passage, afin d'aller observer les vagues depuis leur véhicule, en cette matinée hivernale.
Deux hommes, arrivés du bout de l'impasse, déboulent très énervés et invectivent les deux jeunes, leur demandant de ne pas toucher la barrière. Le cadet la repose. S'ensuit alors une violente altercation entre Noé et l'un des deux hommes, âgés d'une quarantaine d'années.
Opération du nez
Ce dernier vient asséner un violent coup de tête à l'étudiant , lui cassant le nez. L'agresseur prend alors la fuite. Les deux frères, sidérés par cette violence, décident d'appeler la police. En attendant, ils coursent le quadragénaire pour le retrouver. Il est finalement interpellé et convoqué en audience, après un passage du procureur au commissariat de police. Noé termine aux urgences de la clinique d'Aguilera, pour subir une opération du nez.
« Des irréductibles »
« C'est du pur localisme de surf. Il n'y a rien d'autre qui explique une telle violence. Les deux frères ont simplement voulu accéder à la plage, mais sont tombés sur des irréductibles de Marbella », dénonce M e France Deiss, avocate de la partie civile, lors de l'audience au tribunal correctionnel de Bayonne, jeudi 4 septembre. « Ces locaux s'approprient le domaine public. Ils veulent tellement défendre Marbella que cela a dépassé les limites. Ils ont du mal à supporter que des surfeurs d'autres spots viennent chez eux. »
L'avocate critique également les « largesses octroyées par la mairie » à ces locaux de l'école de surf : « Ils mettent les barrières où ils veulent, cela renforce le fait qu'ils se sentent chez eux, alors que c'est une voie publique ».
Sauvetages
Selon la défense, le quadragénaire ne serait pas agresseur, mais victime. « Les deux frères lui sont tombés dessus. L'aîné a essayé de lui mettre un coup de tête, mais s'est cassé le nez sur le haut de son crâne », assure M e Jon Bertizberea. « Je suis gêné par ces accusations de localisme et d'irréductibles. Mon client a sauvé une trentaine de personnes de la noyade ces dernières années, dont six touristes cet été encore à Marbella. Il a été félicité par la mairie. Il sert plus le tourisme qu'il ne le dessert. Chacun peut venir surfer ici », poursuit-il. Un élu de la mairie de Biarritz, l'adjoint Xavier Delanne, a, d'ailleurs, transmis au tribunal une lettre attestant de l'intégrité morale du surfeur de Marbella.
Le tribunal a condamné l'agresseur à une amende de 500 euros avec sursis, et à verser 5 000 euros pour le préjudice et les frais de justice. La défense a fait appel.
Cet article est paru dans Sud Ouest (site web)