J'en discutais hier avec Madame: le discours ambiant culpabilise l'individu: prendre l'avion, c'est mal, le sur-tourisme, c'est mal. Voyagez près de chez vous, prenez moi l'avion, voyagez "slow", les influenceurs voyage font du mal aux sites, etc.
Mais ce discours pose problème: il évacue la question de ceux qui en profitent, la question du profit, donc des logiques capitalistes. Et celui non pas de l'auto-régulation, mais de la réglementation, de la loi.
Parce que derrière le sur-tourisme, il y a des entreprises privées, des collectivités, et des individus privés, qui en tirent des revenus. Qui nous "vend" tout cela?
Qui fait la pub pour les campings-cars et nous "vend" le vanlife? Qui rémunère les influenceurs vanlife? Quelles sont les boites qui louent des camtards au PB par exemple?
Qui vend des terrains à construire à des promoteurs? Quelles collectivités en tirent des revenus? Qui sont ces promoteurs qui bétonnent le monde?
Bref, qui a intérêt au sur-tourisme?
Tout cela ne sort pas de nulle part. Ce n'est pas juste une "tendance" et puis c'est tout. C'est SYSTEMIQUE, cela fait partie de la logique capitaliste: développer encore plus des revenus là où il y en avait déjà ou investir de nouveaux terrains pour faire du profit (tous ceux qui tirent des revenus de la "vanlife", des communes qui étaient moins touristiques mais le deviennent, des compagnies aériennes, etc.).
Le Portugal est devenu affreusement touristique, mes potes là-bas me disaient que l'émigration se poursuit: le pays est en (très) bonne santé économique désormais, mais les jeunes se barrent (en particulier les diplômés), parce que la vie est devenue trop chère. Or les gouvernements et le monde des propriétaires ont tout fait pour développer le tourisme, les locations touristiques, les programmes immobiliers pour les étrangers, etc.
Bref, certains en profitent et les autres en souffrent.