Cette déclaration soulève des questions complexes sur la gouvernance mondiale, la géopolitique et l’avenir des institutions internationales. Voici une analyse des éléments de cohérence et des éventuelles tensions internes dans cette déclaration :
Cohérence interne
Critique de l'inertie bureaucratique et du statu quo
L'idée que des institutions comme l'ONU soient entravées par la bureaucratie et un attachement au statu quo est plausible. Beaucoup d'organisations internationales font face à des difficultés de réforme en raison de leur structure, des intérêts divergents des États membres, et de leur dépendance historique vis-à-vis des puissances occidentales.
L'appel à surmonter cet immobilisme pour prévenir des crises globales est en phase avec les défis contemporains (climat, inégalités, tensions géopolitiques).
Repenser les structures institutionnelles
La proposition de renforcer les institutions non-occidentales (BRICS+, OCS, etc.) et de les intégrer à d'autres entités régionales reflète une vision multipolaire du monde. Elle est cohérente avec l'idée que l'ordre mondial est en transition, avec une montée en puissance des pays dits de la "majorité mondiale".
Cette stratégie vise à diversifier les centres de pouvoir, mais pourrait se heurter à des obstacles pratiques et politiques : ces entités elles-mêmes ne sont pas uniformes en termes d'objectifs ou d'intérêts.
Rémunération différenciée des diplomates
L'idée de différencier la rémunération des diplomates selon leur affectation semble motivée par le souci d’encourager les relations avec des régions perçues comme stratégiquement sous-investies. Cependant, cela pourrait être perçu comme un traitement inégal et poser des problèmes en termes d'incitation ou de motivation pour les diplomates.
Tensions ou limites dans la déclaration
L’extinction de l’ONU et sa réforme impossible
Affirmer que l’ONU est "en voie d’extinction" tout en proposant de ne pas la démanteler mais de construire des organes parallèles peut paraître paradoxal. Si des institutions alternatives sont construites, elles pourraient concurrencer l’ONU au lieu de la compléter, ce qui fragmenterait davantage la gouvernance mondiale.
De plus, l’ONU reste l’une des rares plateformes véritablement globales où presque tous les pays sont représentés. La marginaliser pourrait affaiblir les efforts de coordination internationale, surtout dans des crises nécessitant une réponse mondiale.
Idéalisation des institutions alternatives
Les institutions proposées (BRICS+, OCS, etc.) ne sont pas exemptes de critiques. Elles regroupent des pays avec des visions parfois divergentes. Par exemple, au sein des BRICS, des tensions entre la Chine et l'Inde pourraient compliquer une action coordonnée.
Leur légitimité auprès de l’ensemble des pays reste aussi à construire.
Réalisme des mesures administratives
Réformer les rémunérations diplomatiques ou organiser une conférence permanente des institutions alternatives au sein de l’ONU semble ambitieux, mais ces initiatives dépendent d’un large consensus qui est difficile à obtenir dans le contexte actuel de rivalités géopolitiques.
Synthèse
Cette déclaration est cohérente dans son diagnostic des blocages actuels et dans son ambition de réformer la gouvernance mondiale, mais elle présente des tensions dans la mise en œuvre pratique des propositions. Les idées avancées reposent sur une vision multipolaire en construction, mais les divergences internes au sein des blocs proposés et la résistance des institutions traditionnelles pourraient limiter leur portée.
Pour être pleinement efficace, une telle vision nécessiterait une réflexion approfondie sur la manière de concilier l’idéalisme des changements institutionnels avec le pragmatisme des contraintes politiques et diplomatiques.