Totor
Pas besoin d'un complot, c'est à dire de quelqu'un ou d'un groupe d'intêret quelque part faisant pression sur les journalistes et les producteurs des médias.
Tout simplement parce que les médias, hormis ceux qui se veulent différents de l'idéologie dominante (mais qui peuvent toutefois s'y inscrire selon les domaines évoqués), sont le reflet des modes de pensée et des idéologies dominantes.
Par exemple le fait qu'une vie de "blanc" vaut davantage qu'une vie de "non-blanc". Ou encore l'idée selon laquelle les Arabes et les "Orientaux" en général auraient besoin d'un pouvoir autoritaire au risque du chaos. Ou encore que l'idée d'associer la jeunesse avec la violence et le désœuvrement. L'idée qu'un bâtiment incendié par des paysans c'est plus légitime et moins grave qu'un bâtiment incendié par des jeunes "de banlieue".
Pourquoi autant de reportages et même des émissions entières (genre "enquête d'action") stigmatisant des gens de catégories populaires comme délinquants, alcooliques, violents, chauffards... et si peu, mais vraiment si peu de reportages sur l'évasion fiscale, la délinquance en col blanc, les fraudes à la TVA par des entreprises et des professions libérales, les paradis fiscaux, etc.? Bien sûr il y en a, mais pas du tout sur toutes les chaines et beaucoup moins.
Et c'est pareil dans la presse écrite, sauf exceptions.
Pourquoi aussi à la télévision, par exemple, pendant des décennies on a principalement entendu l'opinion de mâles blancs bourgeois? Et c'est toujours en partie le cas d'ailleurs.
Je n'invente rien, Bourdieu (encore lui, décidément), l'a écrit il y a 30 ans:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sur_la_t%C3%A9l%C3%A9vision
extraits:
_La télévision, comme média très hétéronome, est fortement soumise à la loi du marché (l’audimat). Elle tend à favoriser le commercial contre l’autonome, c'est-à-dire contre les valeurs de la profession journalistique. Par son pouvoir de déformation du champ médiatique elle va pousser les autres médias à faire comme elle.
Sur un plan plus général, le champ journalistique, poussé par la logique de la concurrence, finit par proposer une production uniforme. Au lieu de produire de la différence, la logique du marché aboutit ici à tout homogénéiser.
Le journalisme a un pouvoir sur les autres champs. Mais c’est lui-même un champ soumis. À travers le champ journalistique c’est la loi du marché, le commercial, qui s’impose._
Alors bien sûr, il y a des exceptions, nous ne sommes pas en dictature.
Par exemple, certains articles du Monde, ou bien hier dans C ce soir avec de bons intervenants qui ont insisté sur les violences subies par la population de Gaza.
Je ne dis pas que c'est systématique, mais il y a GLOBALEMENT un traitement différencié des violences subies le 7 octobre et subies à Gaza. D'un côté des reportages (écrits ou filmés) très empathiques et incarnés, de l'autre une approche très lointaine, peu précises et très peu fouillées.
Qui a parlé par exemple des snipers de Tsahal dans Gaza sinon au détour d'une interview d'un humanitaire??
(et encore une fois le Hamas est un groupe de salopards sanguinaires, je le précise hein)