Roller, cut back reentry, air grabé, sur l’eau comme dans les airs, les surfers de niveau respectable déploient des trésors d’imagination pour élargir une palette de tricks qui paraît loin de s’amenuiser. Dès que l’on entend un pro déclamer à propos de telle ou telle manoeuvre « ça va être difficile d’aller plus loin », un autre type s’empresse quelque mois plus tard de surpasser la précédente performance.
Et le take off dans tout ça ? Un peu passé aux oubliettes ou bien ?
Il est facile de constater que la majorité des vidéos élude dans les séquences cet instant du « drop », se contentant de mettre en avant carves assassins, tubes et tout le panel de ce que les riders du 21ème siècle proposent. Pour autant, en tapant « surf take off » ou « big drop » sur Youtube et consorts, presque rien d’autre que de pauvres vidéos adressées aux débutants, évoquant la partie technique de ce premier pas.
Pourtant, à bien y regarder, le take off, notamment dans les grosses vagues, a quelque chose à revendiquer. Au-delà de la technique (départ en travers, grab, « air drop »…), la façon de « démarrer » sur la vague est souvent significative de la suite des opérations. Bien réalisé, il est un atout pour le bottom turn à venir, c’est un moment décisif pour lire la vague.
Par ailleurs, pour ceux qui ont déjà eu à se confronter « au grand saut » dans des vagues suffisamment conséquentes, faut-il rappeler le nombre d’heures passées à se remémorer ou à discuter de cet instant précis, de ce moment décisif parfois chargé de doutes, « j’y vais ou pas », de cet engagement originel qui signe le début d’une possible glisse ?

En remontant le fil des secondes, des dixièmes de secondes même, on peut remarquer que chaque take off est précédé de cet notion de réflexion et d’analyse, « est-ce que ça passe ? » en somme. Évidemment si l’évaluation d’une chute éventuelle fait apparaître le wipe out comme un risque minoré, alors quel merveilleux terrain de jeu pour apprendre et progresser à l’effectuation du geste. En revanche, lorsque que les voyants sont au rouge et que le dilemme s’installe, le temps consacré à la réflexion s’avère soit, salvateur mais frustrant car il aboutit à cette idée qu’on vient peut-être de laisser passer un ride d’exception, soit délétère, car le doute qui persiste en cet instant crucial  nuit à coup sûr à l’envol. Ainsi la meilleure réponse apparaît comme un mix entre une prise de décision rapide qui laisserait place à un engagement un tantinet aveugle (inconscient penserons certains), des ingrédients que l’on apprend à doser de façon presque instinctive, en espérant que la mayonnaise prenne !

Petit florilège en vidéo de réussites et de ratés qui nous rappelle combien il est ici affaire de timing !!!