Julie Merian, surf artiste : « Je jongle entre le modèle de liberté que véhicule le surf et l’aspect sexiste du surf business »

Interview d'une artiste membre du collectif français Right Time Right Place

La scène du surf art à la française est bien vivante, les oeuvres de Julie Merian nous proposent une vision décalée du passé. Et si les années folles avait été folles de surf ? Ses pièces nous donnent à sourire et à réfléchir. Voici quelques mots de la part de Julie pour mieux nous faire connaître son univers.

Qui es-tu ? Depuis quand travailles-tu dans le surf art ?

Je suis native de la côte Méditerranéenne. J’ai un cursus scolaire artistique et graphique. Je suis artiste peintre depuis maintenant 10 ans et artiste du surf art depuis 5 ans.

Surfes-tu ?

J’ai commencé le surf très tard, chez moi, en Méditerranée. Plus précisément au Palus Avis Surf Club de Palavas ! Je me régale en longboard sur de petites vagues, c’est ce que je préfère. La Med est idéale pour le longboard. Je glisse, je me fais plaisir et c’est bien là l’essentiel ! Si un jour j’arrive à faire un nose comme Belinda Baggs, je serai aux anges !

Quelle est la source de tes œuvres ? Comment cette aventure a-t-elle démarré ?

J’ai toujours traîné au milieu de copains passionnés de glisse… Un jour dans un magazine, j’ai vu une annonce du prochain MIACS (Marché International d’Art Consacré au Surf) à Biarritz par Gérard Décoster. J’ai fait ma première toile de surf que j’ai présenté à Gérard et c’était parti. Je me suis retrouvé à exposer au milieu d’artistes de renom dans le surf art ! C’était énorme pour moi !
En art, je suis très sensible à la peinture de Wolfgang Bloch. Mais les artistes-amis avec qui j’expose depuis quelques années m’inspirent bien plus ! Nous avons en France une belle scène surf art !

Quels sont tes supports et les matières sur lesquels tu travailles ? Comment crées-tu tes pièces ?

Habituellement je peins à l’acrylique sur toile, dans un style hyperréaliste. J’ai beaucoup d’admiration pour l’académisme, et je suis satisfaite quand j’arrive à tromper l’œil.

Comment définis-tu ton style ? Penses-tu t’identifier à un courant artistique ?

Depuis 2011 je fais des anachronismes. Je suis quelqu’un de nostalgique et les vieilles images m’ont toujours amusée. Je fais agrandir de vieilles cartes postales et je peins dessus. Avec des pinceaux minuscules, je viens rajouter des planches de surf, skate ou paddle dans des scènes du début du siècle dernier. C’est un travail de recherches et de précision.

Que souhaites-tu exprimer dans ton travail ? Y a-t-il un message ?

Les anachronismes me permettent de donner à réfléchir sur nos dites libertés et sur l’évolution de nos mœurs. Mettre une planche de surf dans les mains d’une demoiselle en liquette de 1920 n’est pas anodin pour moi ! Je jongle entre le modèle de liberté que véhicule le surf et l’aspect sexiste du surf business.
Un autre aspect que j’aime aussi à développer est l’impact humain sur l’environnement. Nos côtes se sont urbanisées et c’est flagrant sur les vues anciennes du littoral.

Tu appartiens au collectif Right Time Right Place, à ce titre fais-tu intervenir d’autres corps de métiers ou artistes sur tes œuvres ?

Right Time Right Place est un collectif de surf artistes. Nous nous regroupons pour créer des expositions, souvent autour d’un thème que nous déclinons chacun à notre style. Cela permet de donner au public des vues différentes sur un même sujet. Nous sommes composés de sculpteurs, photographes, peintres et plasticiens. Faire partie d’un collectif est très motivant et donne beaucoup d’énergie créative ! Et partager c’est bien ! Mais nous n’avons encore jamais fait de toile collective. C’est peut être une idée…

Comment se passent les relations avec les galeristes ? Quelle reconnaissance obtiens-tu dans le milieu de l’art et le milieu du surf ?

Tout dépend du galeriste je dois dire ! A la Vigie Surf Art Galerie de Yannick Le Toquin (photographe et membre du collectif RtRp) à Biscarrosse, nos expositions sont appréciées et festives ! C’est devenu un rendez-vous annuel !
Mais de là à avoir une réelle reconnaissance dans le milieu de l’art je ne pense pas, trop élitiste !
Ce qui me touche c’est la reconnaissance de mes pairs dans le surf art Français ! Et quand en plus, des artistes que j’admire deviennent des amis, c’est la meilleure des reconnaissances que je puisse avoir !

Peux-tu vivre de ton travail ?

Je suis graphiste et web designeuse en parallèle de mon activité d’artiste. C’est très dur de vivre de son art. Certains y arrivent ! Mais c’est aussi bien d’avoir d’autres casquettes surtout quand elles restent dans le même domaine : l’image.

Une anecdote croustillante à partager ?

Je crois que c’était pour le vernissage du MIACS à Biarritz en 2012. J’étais allé surfer la veille et je m’étais pris ma planche dans la pommette. J’avais un énorme coquard bleu, jaune et violet ! Sincèrement, j’aurai bien voulu me cacher dans un trou de souris ! Et pour couronner le tout, Yannick Le Toquin m’a prise en photo pour faire le portrait de quelques artistes de l’exposition pour une parution dans le mythique Surfer’s Journal. Tellement fière d’être dans le Surfer’s Journal et tellement honte d’y être avec un œil au beurre noir ! Heureusement Yannick à réussi à cacher mon coquard et finalement, si on le sait pas, on ne le voit pas ! Merci Y !;)

 

Le site officiel de Julie Merian

La page Facebook de l’artiste, à suivre pour les dernières infos !

Sylvain

Après avoir habité la côte nord bretonne à la recherche de bons peaks inconnus, Sylvain est installé dans le Sud-Ouest, toujours en quête du banc de sable parfait !

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