Oui, il existe de nombreuses études, analyses et ouvrages sur le sujet des femmes qui désirent, écrivent, et parfois se marient avec des tueurs en série incarcérés. Ce phénomène, bien que marginal, fascine les psychologues, criminologues et le grand public.
Le terme scientifique qui désigne l'attirance sexuelle pour les criminels est l'hybristophilie, parfois surnommé le "syndrome de Bonnie and Clyde".
Les Études et Analyses Existantes
La recherche sur ce sujet se décline principalement à travers des études de cas, des analyses psychologiques et des enquêtes journalistiques. Il ne s'agit pas d'études quantitatives à grande échelle, mais plutôt d'analyses qualitatives tentant de comprendre les motivations profondes de ces femmes.
Les principaux axes de recherche et théories qui ressortent de ces travaux sont les suivants :
- Profils Psychologiques et Failles Narcissiques
De nombreux experts, comme la docteure en psychopathologie Hélène Romano, avancent que ces femmes souffrent souvent d'une très faible estime d'elles-mêmes.
La recherche de notoriété : En s'associant à un criminel célèbre, elles sortent de l'anonymat et partagent une partie de sa "célébrité".
Le besoin de contrôle : Dans une relation avec un homme emprisonné à vie, la femme est dans une position de contrôle quasi totale. Elle sait où il est, ce qu'il fait, et la relation est protégée des aléas et des déceptions du quotidien (infidélité, abandon).
Le fantasme du "sauveur" : Certaines femmes sont persuadées qu'elles seules peuvent comprendre, changer et "sauver" le criminel. Elles se voient comme une figure rédemptrice capable de voir le bon en lui, là où tout le monde ne voit que le monstre.
La Transgression par Procuration
Le tueur en série incarne la transgression ultime des interdits sociaux. Pour certaines femmes, entretenir une relation avec lui leur permet de vivre leurs propres pulsions morbides ou leur fascination pour l'interdit par procuration, sans commettre d'acte répréhensible elles-mêmes.
Une Idéalisation de l'Amour
La relation, étant principalement épistolaire et confinée aux parloirs, est protégée de la réalité. Elle permet de construire un fantasme amoureux parfait, où l'homme est entièrement dévoué en pensée, écrit des lettres passionnées et n'est pas confronté aux trivialités du quotidien. C'est un amour romantique à l'extrême, déconnecté du réel.
Des Traumatismes Passés
Certaines études de cas ont montré que des femmes attirées par ces criminels ont elles-mêmes été victimes d'abus dans leur passé. La relation avec un homme dangereux mais "en cage" peut paradoxalement leur donner un sentiment de sécurité et de pouvoir sur la figure masculine violente.
Ouvrages et Documentaires de Référence
Plusieurs livres et enquêtes ont été publiés en France sur ce sujet, confirmant l'existence d'un corpus d'analyse solide. Parmi eux :
"Il n'est pas celui que vous croyez : Ces femmes amoureuses de tueurs en série" (2024) de Valérie Benaïm. La journaliste a mené une enquête de deux ans, interviewant ces femmes ainsi que des psychologues, avocats et personnel pénitentiaire pour analyser le phénomène.
"Femmes qui aiment les hommes qui tuent" de Sheila Isenberg. C'est l'un des ouvrages de référence au niveau international sur le sujet, basé sur de nombreuses interviews.
"L'amour (fou) pour un criminel" (2015) d'Isabelle Horlans. Ce livre explore les ressorts psychologiques de ces passions hors normes.
Des travaux universitaires, comme le mémoire de l'Université de Liège sur "L'hybristophilie sous le prisme carcéral", analysent le vécu de ce type de relation du point de vue des détenus eux-mêmes.
En conclusion, non seulement ce phénomène est étudié, mais il a été théorisé sous le nom d'hybristophilie et a fait l'objet de nombreuses publications qui tentent d'en dénouer les complexes motivations psychologiques.