Ce texte reflète une critique virulente et nostalgique sur l'évolution du surf et, plus largement, de la culture qui l'entoure. L'auteur se lamente sur la dégradation des valeurs et des comportements associés à ce sport, en particulier le respect, la hiérarchie implicite et l'humilité qui étaient autrefois primordiales dans l'approche du surf.
La structure du texte et le registre utilisé : Le texte est rédigé dans un ton personnel, empreint de frustration et de désillusion. Il utilise un langage familier, voire vulgaire à certains moments ("conneries", "kékés"), ce qui accentue le caractère spontané et colérique du propos. L'auteur semble être un "ancien", un surfeur expérimenté, qui se positionne en opposition avec une nouvelle génération qu'il accuse de manquer de respect et de profondeur dans leur pratique du surf. Le registre est direct, brutal, sans concession, illustrant une vision tranchée du monde.
L'opposition entre passé et présent : Le cœur du texte repose sur une opposition entre le "avant" et le "maintenant", un contraste souvent présent dans les discours nostalgiques. Pour l'auteur, le surf n'est plus ce qu'il était. Avant, il existait une hiérarchie basée sur l'expérience et la connaissance des vagues. Le respect était mutuel, non seulement envers les autres surfeurs, mais aussi envers la nature et l'océan lui-même. Ce respect de la nature s'accompagnait de règles tacites, que chacun devait intégrer avant de prétendre pouvoir surfer sur un spot. Le surf demandait de l'observation, de la patience et de l'humilité, des qualités que l'auteur ne retrouve plus aujourd'hui.
En opposition, la nouvelle génération de surfeurs, symbolisée par les combinaisons flashy et les planches en mousse, est dépeinte comme dénuée de technique, de respect et de sens des responsabilités. Ils ne respectent plus les "règles non écrites", imposent leur présence et s'approprient les vagues sans avoir "mérité" leur place. Cette attitude individualiste et superficielle ("chacun pour soi") est une source d'irritation profonde pour l'auteur, qui voit là une dégradation des valeurs fondamentales du surf.
La dénonciation de la modernité et des médias sociaux : L'auteur exprime également une critique implicite de la modernité et des technologies, notamment à travers l'évocation des drones et des réseaux sociaux. Pour lui, le surf n'est plus un art de vivre respectueux, mais une opportunité de se mettre en scène, de poster des exploits sur les réseaux sociaux sans véritable compréhension de la culture du surf. Cette évolution symbolise un passage du sacré au profane : le surf, autrefois un mode de vie respectueux et intime, est devenu une simple performance à immortaliser en ligne.
Le localisme et la violence justifiée : L'auteur justifie, sans la cautionner explicitement, la violence de certains surfeurs locaux envers les nouveaux venus. Il explique que cette violence découle d'un manque de respect et d'une incompréhension des règles locales. Pour lui, les locaux "ont toujours eu leur mot à dire", mais auparavant, il n'était pas nécessaire d'intervenir aussi souvent, car les surfeurs connaissaient et respectaient les règles du spot. Aujourd'hui, face à la montée de l'irrespect et de l'individualisme, ces réactions violentes sont présentées comme une conséquence logique. L'auteur adopte ici un positionnement ambivalent, oscillant entre réprobation morale et compréhension pragmatique.
Un sentiment d'impuissance et de désillusion : Enfin, l'auteur exprime un certain fatalisme, illustré par la phrase "c’est pas comme si les jeunes écoutaient". Il se sent déconnecté de cette nouvelle génération, qu'il juge incapable de comprendre ou d'adopter les valeurs traditionnelles du surf. Ce sentiment d'impuissance face à une culture qui change est courant dans les discours nostalgiques, où l'orateur se voit comme l'un des derniers défenseurs d'une époque révolue.
Conclusion : Le texte est avant tout une critique de la perte des valeurs traditionnelles du surf au profit d'une attitude plus individualiste, consumériste et superficielle. À travers cette critique, l'auteur exprime une nostalgie profonde pour une époque où le respect de l'océan et des autres surfeurs primait, et où l'humilité et l'apprentissage étaient essentiels avant de pouvoir revendiquer une place dans l'eau. Cette analyse pourrait également s'appliquer à d'autres domaines où la modernité et les nouvelles technologies ont transformé les pratiques et les rapports humains. Le surf, dans ce texte, devient une métaphore d'un monde en mutation, où les valeurs d'autrefois semblent avoir été oubliées.