cmisseghers je rebondis sur l’article, courte tribune de Jancovici sur l’enquête des Échos
« Quand c'est votre serviteur qui souligne qu'il faudrait peut-être mettre la pédale douce sur l'intelligence artificielle, d'aucuns peuvent penser que c'est une déclinaison parmi d'autres d'une position "anti-technologie" propre à la mouvance écologiste.
Mais quand c'est non pas un, mais six articles invitant à se poser des questions sur l'IA qui sont publiés dans Les Echos, premier quotidien économique du pays, et qui appartient par ailleurs à un groupe qui est aussi l'organisateur du salon Vivatech, cela ne signifie-t-il pas qu'il est temps de commencer à sérieusement se gratter la tête ?
Soyons honnêtes : ce n'est pas l'argument environnemental qui est mis en avant dans les articles en question. Mais ce qui y est souligné a des implications évidentes sur l'environnement.
"La conjuration des tech bros", pour commencer, fait le portrait des personnes - quasi-uniquement des hommes - qui sont à la tête de "l'écosystème IA" aux USA : https://t.ly/qTNiQ. Comme l'essentiel de "l'écosystème IA" planétaire est aujourd'hui américain, cela revient à décrire ce qui motive les protagonistes les plus puissants du mouvement.
Et ce qui les motive n'est ni le bonheur des humains, ni l'environnement, ni la baisse du chômage, ni la paix ou l'harmonie. Non, ce qui les motive, c'est la domination et le pouvoir, une forme de quête de l'immortalité, la poursuite de rêves personnels, et, de façon très explicite pour une large partie, le remplacement de la démocratie par une "algorithmocratie" dont ils seront les maîtres (ce qui est de fait en train de se produire).
La chose est tellement évidente que Gilles Babinet, co-président du Conseil national du numérique, a aussi publié une tribune dans le même journal, qui souligne que l'IA est une menace pour la démocratie, et que les Européens vont entrer dans une forme de guerre civilisationnelle avec les USA : https://t.ly/frdcY
Quel lien avec l'environnement ? Il est le suivant : ce qui se passe en ce moment avec l'IA montre que la voie choisie par les USA est de confier presque explicitement les clés du pouvoir à des intérêts privés qui ne veulent même pas entendre parler de limites.
Mais l'Europe n'est pas les USA. Nous n'avons pas les Gafam, nous n'avons que très peu de pétrole et de gaz, et nous n'avons pas assez de mines. Pourtant nos élites (économiques, politiques et très souvent médiatiques) sont fascinées par l'IA, et rêvent d'emboiter le pas des USA.
Nous offrons aux acteurs américains de l'IA nos chercheurs, notre électricité, nos milliards, qui non seulement sont mis au service d'un projet visant à nous dominer (ce n'est pas une accusation douteuse puisque c'est dit explicitement par une partie des "maîtres de la tech"), mais en plus ne seront plus disponibles pour d'autres projets (dont une forme de "réindustrialisation décarbonée souveraine").
Félicitations aux Echos pour cette série. Elle rappelle que l'on peut être critique sur UNE technologie sans être ANTI technologies. »